
Comment
expliquer un tel engouement, une telle adhésion ?
J’y
vois au moins trois raisons de fond et une raison que je qualifierais de technique.

Pour
moi, ces traducteurs sont de véritables écrivains qui mériteraient plus de
considération.
La
première raison de fond que je vois dans le succès de ces auteurs nordiques
tient bien entendu – c’est la moindre des choses me direz-vous – dans le choix
de l’affaire criminelle qui nous est présentée. La psychologie des personnages
principaux et secondaires, tout autant les criminels que les enquêteurs, occupe
une place centrale dans le récit. C’est en cela, sans doute, que ces auteurs,
plus que d’autres peut-être, contribuent grandement à l’évolution du polar vers
la reconnaissance d’un genre littéraire majeur, qui s’éloignerait du
« roman de gare ». Je sais que cette vision des choses n’est pas
partagée par tout le monde.

La deuxième raison de cette réussite littéraire est à rechercher, à mes yeux, dans la construction même du récit qui alterne habilement les séquences de la vie des personnages, leurs familles, leurs amours, leurs difficultés matérielles, avec les séquences propres à l’enquête. Ces écrivains ne craignent pas ces ruptures dialectiques dans le récit. C’est, pour moi, une réponse magistrale à la critique d’un éditeur qui me reprochait précisément ce morcellement intempestif du déroulement de l’enquête policière dans un de mes manuscrits.
La
troisième raison, enfin, la plus significative, tient à l’immersion de
l’enquête et de l’affaire criminelle, dans le contexte sociologique, politique,
historique et même économique et écologique, du lieu, et qui nous fait mieux
connaître ainsi ces pays du nord de l’Europe que l’on a tendance, sans doute un peu
trop, à idéaliser.
Vous
avez compris, je l’espère, que ces auteurs venus du froid, sont mes modèles.
Mes inspirateurs. Quel mot stupide !
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