Ils sont nombreux les
auteurs de polars étrangers sur les tables ou dans les rayonnages des librairies.
Des Suédois, des Islandais, des Danois, des Norvégiens, des Américains, des
Anglais, des Sud-africains, des Italiens. Une véritable déferlante.
Ont-ils apporté quelque
chose aux lecteurs de notre pays ? Ont-ils contribué à faire mieux
connaitre les traditions, les mœurs et la culture des leurs ?
Oui. Indiscutablement,
pour plusieurs d’entre eux en tout cas. Si je devais n’en retenir qu’un, ce
serait, sans hésiter, Henning Mankell. Par l’entremise de son héros récurrent,
le commissaire Kurt Wallander, il a largement contribué à désacraliser la social-démocratie
à la suédoise que d’aucun dépeignait en France d’une manière idyllique jusque
vers la fin des années 90.
Il y a un élément primordial
qui ne doit pas être négligé pour expliquer cette « invasion »
culturelle : la qualité des traductions. Et là, je dois dire que je la
trouve parfois un peu trop approximative, inégale, voire bizarre.
Je viens d’achever, par
exemple, la lecture d’un roman de Deon Meyer, « 7 jours », dans lequel – ce n’est peut-être qu’une impression
personnelle ‒ le traducteur s’est laissé aller, semble-t-il, à quelques
facilités, à quelques libertés, qui rendent le récit moins fluide, moins facile
à comprendre que dans d’autres romans de ce même auteur.
Les traducteurs sont-ils reconnus à leur juste mérite ? Sans doute pas. Leur nom apparait parfois en page de couverture, mais pas toujours. Il est parfois relégué, en italiques minuscules, au bas de la quatrième de couverture. Pourtant, que seraient ces auteurs, sans ces authentiques écrivains de l’ombre ?
« L’occupation »
des librairies par les auteurs étrangers est-elle justifiée par l’absence, la
faiblesse ou l’indigence de leurs confrères français ou francophones ?
C’était peut-être vrai
dans les années 80 et 90. Je n’en suis pas sûr. En tout cas, cela ne l’est plus
aujourd’hui. Il existe chez les éditeurs une pléiade d’auteurs français de
polars largement au niveau des étrangers.
Je vais me permettre d’en
citer quelques-uns dont j’ai déjà parlé dans ce blog et que je vous invite à
découvrir pour ceux d’entre vous qui ne les connaissent pas encore, ou à
continuer à les lire pour les autres.
-
Pierre Lemaître, et sa trilogie Verhoeven,
du nom de son personnage principal
(Travail soigné,
Alex, Sacrifices),
-
Franck Tilliez (Atom[KA]),
-
Michel Bussi (Un avion sans elle, Nymphéas
noirs, Ne lâche pas ma main),
-
Maxime Chattam (La conjuration primitive).
- Et
aussi, évidemment, les Varois Marcus Malte (Les
harmoniques, Garden of love),
Karine Giebel (Purgatoire des innocents),
-
ou les Marseillais Jean Contrucci,
Jean-Claude Izzo, etc…
-
Bernard Minier (Le cercle, Glacé),
- Un
autre marseillais à la verve truculente, Maurice Gouiran (Putains de pauvres, L’hiver des enfants volés),
-
Fred Vargas, évidemment.
Je ne cite, bien sûr, que
les livres et les auteurs que j’ai lus, mais la liste est longue et de qualité.
Il faut essayer, aller à la découverte. Il y a de quoi trouver son plaisir.
Chez ces auteurs, outre
le fait que le lecteur na pas à faire confiance à un traducteur ‒ c’est
directement du producteur au consommateur ‒ les noms des personnages, des
lieux, des villes, des institutions, nous sont familiers. Dans diverses
occasions, dans des salons ou fête du livre, j’ai pu constater lors d’échanges
avec des lecteurs, que des noms comparables dans certains pays, intraduisibles
évidemment, sonnaient parfois durement à nos oreilles et pouvaient constituer
un handicap. Il en est de même des descriptions de villes, de lieux, perdus au
fin fond de contrées, dont on n’a pas la plus petite idée de la situation
réelle.
Alors, entendons-nous
bien. Ne voyez surtout pas dans ce billet un nauséabond relent de xénophobie à
l’encontre de ces auteurs talentueux venus d’ailleurs. Non. Il s’agit plutôt
d’un plaidoyer destiné à attirer l’attention des lecteurs sur ces auteurs
français qui ont du talent à revendre, qui savent raconter des histoires aussi
bien que les étrangers et qui méritent autant qu’eux d’être lus.
Il y a du bon et du moins bon partout. À vous de choisir, sans idée préconçue. En dehors des modes.
Le polar est une
littérature de divertissement. Encore que…
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