Un extrait.
Sanary-sur-Mer
Quartier
Portissol
Mars
avril 2018
Depuis
un mois à peu près, le capitaine de police Félicien Aubin enquêtait sur un
meurtre commis à Sanary-sur-Mer. On avait trouvé, dans une superbe villa du
quartier des plages de Portissol, au bord de la piscine, le cadavre d’une jeune
femme dénudée d’une quarantaine d’années. Un tee-shirt déchiré, une culotte,
des chaussures, des lunettes de soleil, une serviette de bain, et une fine
chaîne en or fin, cassée, avec un petit pendentif représentant un dauphin,
jonchaient le sol de la grande terrasse. Elle avait été tuée de deux balles
dans la tête, tirées vraisemblablement à bout portant.
Le
début de l’enquête avait été mené par un lieutenant du commissariat de Sanary,
avant qu’elle ne fût confiée au Service Régional de Police Judiciaire de
Toulon. Cet officier de police avait recueilli les premiers éléments du
dossier, les premiers témoignages et notamment l’heure du crime :
vraisemblablement entre dix heures et midi, le mercredi 14 mars 2018.
Le
médecin légiste était formel. Des traces de violence étaient visibles en
plusieurs endroits du corps de la jeune femme. Dans une salle de l’Institut
médico-légal de Toulon, il avait montré au capitaine Aubin la lèvre inférieure
enflée et fendue, des égratignures sur les seins provenant probablement de
petits coups de couteau ou de cutter, des bleus sur le ventre, quelques traces
de sang sur son bras droit et des taches blanchâtres de sperme séché sur ses cuisses.
Aucune
empreinte digitale n’était exploitable. On avait, bien sûr, identifié autour de
la piscine, celles de monsieur Santarelli, le propriétaire de la villa, de sa
fille et de la gouvernante. Mais rien que de tout à fait normal.
Le
lendemain, le commandant Lucien Mignard, chef de l’antenne toulonnaise du
laboratoire de police scientifique de Marseille, avait confirmé, dans le
rapport qu’il avait remis à son ami Félicien, que la victime avait sans doute
été violée, bien qu’il demeurât un doute. En effet, il n’y avait pas la moindre
trace de sperme dans le vagin. Après tout, l’acte sexuel pouvait très bien être
sans rapport avec le meurtre de la jeune femme et avait pu être accompli sans
pénétration. Un prélèvement d’ADN du sperme trouvé entre ses cuisses avait été
confronté au Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques. Sans
résultat. Le présumé violeur n’était pas répertorié dans ce fichier, pourtant
fort rempli en ce mois de mars 2018, au grand dam du commandant Mignard.
Il jugeait abusifs la plupart des prélèvements effectués par ses collègues pour
des motifs parfois insignifiants. Les cinq années de gouvernement de la gauche
n’avaient rien changé à la pratique de ces méthodes de fichage des citoyens.
Comme dans bien d’autres domaines d’ailleurs. Ce qui avait probablement valu la
sévère déculottée qu’avaient subie les partis au pouvoir depuis 2012. Comme à
chaque fois qu’ils avaient gagné une élection nationale, les socialistes ne
parvenaient pas à mettre en œuvre une politique réellement progressiste.
Contrairement à la « droite décomplexée », ils étaient en contradiction
avec les idéaux qu’ils défendaient si bien lorsqu’ils étaient dans
l’opposition.
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